" The Big One ! "

Londres-Edimbourg-Londres : Le Paris-Brest anglais

Dans LEL il y a de très bonnes raisons de passer beaucoup de temps aux contrôles :

Si vous aimez les pédalées excessives genre Paris-Brest, tout en défendant les valeurs de l’autonomie,
si vous préférez une ambiance chaleureuse et conviviale à l’affichage de vos exploits dans la presse,
si vous souhaitez sortir des sentiers battus et appréciez la rencontre des autres,
venez découvrir Londres-Edimbourg, la prochaine édition est … en 2005.

J’avais déjà envisagé de participer au 3ème LEL, en 97 - j’avais alors écrit à Noël Simpson qui m’invitait chez lui … à condition de passer au pub la veille du départ ! et puis ça ne s’est pas fait; … mais pas à cause du pub ! Se préparer une année sur 4 au PBP, avec ce que ça entraîne comme sacrifice quand on n’a pas trop de temps libre, me semblait plus que suffisant ! Mais avec le nouveau millénaire et les années passant, je trouvais qu’il était temps de ne plus différer les projets – " just do it ! " - Je décidais donc de me préparer à la longue randonnée mais sans objectif de performance – pas question de " taper dedans " en se transformant pour un temps en cyclosportif, simplement faire des kms, la tête hors du guidon et appareil photo en poche : A Pâques, ce furent les 40h Vélocio en tandem avec Thierry Miton (en direction de Brantes bien sûr), puis au printemps, 2 flèches en solitaire vers Hendaye (pas facile celle-là, pas vrai Michel  !) et Nantes sans oublier le week-end des Amis du Randonneur à Vesdun pour " travailler les fondamentaux " du cyclotourisme qui ne sont pas ceux du cyclisme (lieu commun ? voire …) – mais dans un genre différent quoiqu’avec la même passion, ce fut aussi Clermont-Aurillac-Clermont ; je terminais ce programme de 10000 km, tout début juillet avec la préalpine Thonon-Venise, qui, j’en conviens, réalisée en 5 jours, ressort plus du sport que du tourisme, en particulier le retour en train avec le vélo !

Se rendre au départ de LEL, à Harlow à 20km au NE de Londres est beaucoup plus facile (au moins depuis Paris) ; pour environ 60€ un vol de la KLM UK vous emmène de Roissy à Stansted, d’où un train vous conduit en 15’ à Harlow ; il vous reste moins de 500m à faire à pied jusqu’à l’auberge de jeunesse, réservée et mise à disposition gratuitement des cyclos étrangers !

Vendredi 25 juillet 16h :

j’arrive à Harlow avec armes et bagages (25kg quand même) et emprunte l’allée qui conduit à l’auberge – j’y suis chaleureusement accueilli par Rocco (Chairman de l’Audax United Kingdom) et son équipe et ai aussi le plaisir de retrouver Bob et Suzanne Lepertel qui reviennent du lac Ladoga (encore du chemin à faire là-bas, n’est-ce pas Bob !) et donneront le départ le lendemain.
Je remonte tranquillement le vélo dans le petit jardin de l’auberge – des cyclos de tous pays font de même dans une parfaite ambiance de camaraderie. Je suis frappé par la forte personnalité de tous ces vélos ; qu’ils soient vélos horizontaux (" recumbents ") à 2 ou 3 roues, Moulton, tandem, ou autres pignons fixes ( !) , tous sont parfaitement équipés pour le long Raid en autonomie – les éclairages par générateurs dans le moyeu avant sont majoritaires – les garde-boues généralisés avec souvent une longue bavette à l’arrière, à la façon de l’apôtre Henri - les sacoches une évidente nécessité.

Samedi 26 – 7h :

un vrai repas au restaurant en face l’auberge, en compagnie du belge Daniel Cauchie de Tournai – le temps est très doux et ensoleillé même si la route est encore luisante d’une averse récente. A 10h Robert Lepertel coupe le ruban – les 160 cyclos du départ d’Harlow sont partis (il en part autant au même moment de Thorne, 400km au nord, qui eux vont faire une première boucle au nord vers Edimbourg, puis une seconde au sud vers Londres…, funny isn’t it ?) ; pas de motos pour nous ouvrir la route, mais beaucoup moins de stress qu’à Guyancourt !

Harlow – Longstowe Village Hall : convivialité et respect du code

L’allure n’est pas trop rapide, ça permet de faire connaissance entre nous ; l’ambiance est détendue, la sécurité respectée. Ma randonneuse " Horseau ", avec son alliance de tradition et de matériel moderne est appréciée par les amateurs de belles machines, italiens compris et j’en suis très fier. … . Rouler à gauche ne pose aucun problème; nous roulons sagement à 2 de front, très rarement plus et respectons les feux ! La route d’abord vallonnée au sortir d’Harlow est maintenant assez facile ; la température est parfaite et le vent de sud-ouest nous aide plutôt - un changement de direction après Flint cross provoque une cassure, je m’empresse de recoller mais c’est une fausse alerte car un feu rouge fait se regrouper tout le monde.

Je ne m’habitue pas encore à la manière anglaise du tableau de route fourni et essaye de piloter avec la carte mais n’y arrive pas : alors je me contente de suivre … .

Longstowe – Thurlby : le rythme s’accélère, un petit groupe se forme

J’ai le temps de remplir mon bidon et d’échanger quelques impressions avec Bob et Suzanne, mais il ne faut pas traîner car déjà certains sont repartis – je les rejoins, et un groupe se forme avec surtout des italiens. L’allure est nettement plus rapide – A Eynesbury devant les maisons, sont exposées des poupées-mannequins comme on le voit aussi dans certains villages de France (les marioles à Campan par exemple).

Arrivée à l’auberge de jeunesse de Thurlby, maison pleine de charme, avec une petite cour où on s’empresse de nous être utile. Bananes, coca… ; en repartant je photographie l’endroit avec le monsieur à longue chevelure et barbe blanche avec qui j’échangeais quelques mots et qui se trouve n’être autre que Bernard Mawson, l’organisateur.

Thurlby-Lincoln Little Chef / Travelodge : hasards de la route

Dans le groupe qui s’est formé, 4 italiens mais aussi Kenneth Bonner du British Columbia avec son chapelet de sacs sur le dos, que surmonte un triangle rouge réfléchissant, et Hubertus Hohl de Munich. L’un des italiens, Nunzio Pellegrini a 66 ans et a commencé le vélo à 60 ; il a vécu 23 ans en Angleterre – les autres parlent très peu anglais. Si nous comprenons que " il vecchio " ne mène pas, on l’accepte un peu moins des autres qui clairement se font tirer ; rapide échange avec Hubertus : on ne gaspille pas notre énergie et on verra à la nuit. Je crois que c’est à Thurlby que Paul J. O Donoghue l’irlandais au maillot vert nous rejoint ; il m’impressionne par son allure régulière et très rapide et semble ne pas demander de relais ! je suis d’ailleurs incapable de relayer à cette même allure mais Hubertus et Ken le peuvent et en remettent même un peu dans les faux plats descendants A Bulby, je suis seul à prendre ce qui me semble être la bonne route vers Irnham et me retrouve seul ; j’apprècie de rouler à mon rythme mais suis un peu inquiet pour la suite… Trois km après, à Ingoldsby je les aperçois au loin venant de la droite, sans doute de Lenton et sprinte pour les rejoindre; que se serait-il passé si avec quelques secondes de retard je les avais manqué ? A Humby nous manquons être percuté par un bus qui arrive en face et prend toute la route; nous l’évitons de justesse en prenant en catastrophe une route à gauche. On a perdu Paul et je me demande s’il n’a pas continué la route à gauche; mais non après quelques minutes, il nous rejoint. Je me repère maintenant très bien avec le tableau de marche qu’à l’usage je trouve extrêmement rationnel et évite au groupe à plusieurs reprises de faire une erreur (moi qui me perd sur le parcours très bien flèché de PBP ! !). A Lincoln, on est sur une aire de parking avec un contrôle à l’extérieur sans installation et juste un couple de contrôleurs mais on peut se ravitailler au snack à côté.

Lincoln-Thorne Rugby Club : le groupe se défait et se refait

Je ne sais plus si on s’est arrêté longtemps comme on le fera souvent ensuite – sans doute pas ; en repartant de Lincoln un bruit m’inquiète, c’est la fixation d’une de mes torches avant qui n’a pas supporté les trépidations de la route – je veux resserrer et n’y arrive pas – je m’énerve ; Hubertus m’aide – je comprends que le pas de vis est mort et je démonte le tout ; les italiens sont partis devant mais à petite vitesse et on les rejoint vite - c’est ensuite que le groupe se casse ; Hubertus et moi avec les italiens devant, Paul et Ken derrière; peu après, je sens à mon tour que je suis dans le rouge et de toutes façons l’allure est bien trop rapide pour envisager la maintenir longtemps ; " don’t wait for me ! " : le ton est sans réplique et je ralentis nettement pour les inciter à filer. Peu après, je suis rejoint par Paul et Ken qui m’invitent à les suivre. Nous roulons régulièrement et je me refais vite une santé ; tant et si bien qu’avant le contrôle, on a retrouvé nos compères. Je me souviens avoir pris un sandwich jambon, du café et là c’est sûr on s’est arrêté longtemps, trop compte tenu de l’allure ! Mais là encore, l’accueil est très chaleureux et tous les contrôleurs sont aux petits soins pour nous.

Thorne-Hovingham Village Hall : la 1ère nuit commence

Je n’ai pas mis la frontale, aussi quand la nuit arrive, je ne peux plus lire le parcours et jouer mon rôle de pilote – c’est maintenant Hubertus qui nous guide le plus souvent. Il ne fait pas froid du tout et n’ai revêtu que les manchettes. Une petite averse pendant à peine 5’ et pas beaucoup d’autres souvenirs de cette longue étape, plate sauf en arrivant près de Hovingham où des côtes très dures nous surprennent ; mais c’est mieux pour moi.

Hovingham – Barton Truckstop :

A ce contrôle nous retrouvons nos sacs acheminés depuis Harlow - mais n’en ai pas besoin; j’enfile jambières et maillot manches longues et me restaure (soupe, pâtes, …) - Ken répare une roue longuement et nous attendrons ensuite qu’il prenne le temps de manger lui aussi. Après Hovingham, à nouveau des côtes difficiles - dans la nuit nous distinguons vaguement des constructions monumentales, une colonne. A Scorton nous hésitons sur la bonne route à prendre – je confonds un peu Bolton et Barton … mais Hubertus a les idées claires. Il est 3h30, mais on peut déjà distinguer les premières lueurs du jour. On cafouille un peu à trouver le contrôle et Paul qu’on avait lâché, y est avant nous.

Barton-Langdon Beck Youth Hostel : le Yad Moss

Hubertus, Paul et moi repartons rapidement sans se préoccuper des italiens; l’un d’eux nous suit un moment avant de s’arrêter peu après pour attendre ses compatriotes. Barnard Castle : le profil de la route est maintenant franchement dur. On trouve la pluie en montant le Yad Moss avant Langdon Beck ; cette fois ce n’est pas une simple averse et je suis vite trempé. Sur 30m un sentier raide que l’on gravit à pied ,mène à l’auberge de jeunesse où est le contrôle – je laisse le vélo dehors alors qu’ Hubertus plus méthodique, met le sien à l’abri sous un appentis. Là encore, les contrôleurs sont des randonneurs très expérimentés et savent ce dont nous avons besoin. Une réelle connivence s’établit très vite.

Langdon Beck – Carlisle Truckstop Motel : on croise le premier randonneur du départ de Thorne

Sous la pluie avec le Goretex, je mène le train avec Hubertus dans la roue – pas question de partir seul - Il y a 11km à monter pour être au sommet. La descente est menée par Hubertus ; à Alston, des pavés sur 500m : on prend le trottoir étroit à gauche pour les éviter – attention ça descend brutalement ! A Brampton, grande route vers Carlisle et c’est là qu’on croise le premier du départ de Thorne : un rapide calcul me fait comprendre que ce gars là qui est tout seul est allé au moins aussi vite que nous sur un parcours toujours difficile alors que nous avons eu du plat (j’apprendrais ensuite qu’il fait " seulement " le 800 et dans la perspective du record sur Land’s End-John O Groats en septembre ! !). Sur le plat Hubertus mène un train un peu vite pour moi qui n’ai pas travaillé le rythme cette année – je compte bien que le rythme finira par baisser avec la fatigue mais je ne sais pas encore que ce diable d’Hubertus n’est jamais fatigué. Paul nous rejoint pendant que nous sommes au contrôle de Carlisle et on repart ensemble.

Carlisle – Eskdalemuir : sur la voie de la sagesse

La pluie est finie et le ciel s’éclaircit ; une grande route au sortir de Carlisle sur 26 km jusqu’à Langholm ; Paul et Hubert sont à leur aise – je suis mieux sur les 25 suivant en montant vers Eskdalemuir (aussi dur à prononcer qu’à atteindre). Le soleil nous chauffe le dos dans la montée. Le contrôle est à l’intérieur d’un véritable temple tibétain avec statues sur le chemin d’accès. Au contrôle, un grand espace enduit de béton brut au sol et sur les murs, mais là encore un accueil super et un ravitaillement parfait - peut-être les meilleures pâtes du LEL et un dessert qui me fait envie mais qui se trouve être celui d’un des moines ( !) – je suis confus mais celui-ci insiste pour me le laisser. Là encore, on prend le temps d’échanger nos impressions sans obsession du chronomètre - la femme d’un participant m’apprends que l’autre français, Jean-Luc Monier parti de Thorne est dans un groupe avec son mari et que tout va bien – sympa ! - Dans LEL, le temps précieux est aussi celui que l’on partage au contrôle avec les participants, contrôleurs inclus bien sûr. Photo sur le parking du site.

Eskdalemuir – Dalkeith Rugby Football Club : les montagnes d’Ecosse

On repart à trois - Ca continue à grimper – sur cette étape, j’en ferai beaucoup devant car je veux rendre à mes compagnons l’aide qu’il m’apportent sur le plat. Je découvre des paysages de montagne magnifiques, sauvages et très originaux ; je m’attendais vaguement à quelques sapins mais les magnifiques pins me surprennent – avec cela il fait beau et chaud (photo où Paul et Hubertus enlèvent une épaisseur) - Beaucoup de moutons de différentes races et dont nous essayons d’anticiper les déplacements sur la route ! Quatre, cinq, peut-être six longues montées avant de surplomber le site superbe d’Edimbourg et de plonger vers Dalkeith sa banlieue. Nous croisons maintenant des cyclos du départ de Thorne et qui redescendent vers le sud – à la différence de PBP, ils sont isolés ou en groupes de 2 ou 3 maximum – le parcours montagneux impose de rouler à sa main - on croise ainsi le tandem du British Columbia (Danelle and John ?) que connaît Hubertus depuis le " Rocky Mountain " de l’an passé (arrêt et photo). Au contrôle, un grand écran tele nous montre l’arrivée du basque Leizaka avec Armstrong en jaune dans sa roue.

Dalkeith – Eskdalemuir : remontée contre le vent

Cette étape est un peu comme celle de Carhaix-Brest : longue difficile et on la fait deux fois de suite ! mais là c’est encore beaucoup plus montagneux. Et surtout un fort vent de face gène notre progression – je me souviens avoir mené toute la première montée en essayant d’offrir le plus d’abri à Paul et Hubertus - Dans une longue descente rapide je file devant – Paul et Hubertus n’arrivent pas : je m’arrête, commence à m’inquiéter quand un cyclo qu’on avait doublé m’indique qu’ils ont crevé (c’est la première crevaison d’Hubertus) - On retrouve avec plaisir Eskdalemuir – dommage, il n’y a plus de pâtes mais un autre très bon plat les remplace.

Eskdalemuir – BP Truckstop Cafe Carlisle : je paye mes efforts

On repart toujours tous les 3 – en ai-je trop fait l’étape d’avant, en tous cas j’ai du mal à suivre. Progressivement Hubertus s’éloigne devant - Paul a peut être vu que j’étais juste ou est juste lui-même ne suit pas ; je lui demande pourquoi Hubertus est parti – il aurait parfaitement pu me répondre que j’en ai fait autant, mais Paul est un gentleman et me dit simplement qu’on a tous des moments où on est bien et d’autres moins bien. On retrouve Hubertus qui nous a attendu et qui s’excuse, confus de ne pas avoir remarqué que je n’étais pas bien. Au contrôle de Carlisle aucun des 3 n’est frais ! 2 cyclos sont allongés à même le sol dans le café et dorment bien : je les envie ! Paul me demande avec un air un peu triste ce que je compte faire – je lui dis que je souhaite continuer à rouler et ne m’arrêter que si ça devient absolument nécessaire. Je suis sur qu’il aurait bien aimé dormir un peu là.

Carlisle – Langdon Beck : douche et bref sommeil réparateur

Nous repartons donc et je vais mieux … ou pas plus mal. Après Brampton on commence à monter – comme je m’y attendais, Paul a sommeil et bientôt on le perd. A Alston on retrouve les pavés, mais cette fois je dois me donner à fond pour passer l’étroit trottoir en montant sans perdre l’équilibre. Après Alston, Hubertus crève à l’avant – cette 2ème crevaison l’inquiète car il n’a pas d’autre chambre – je suis moi en 650 mais je le rassure, au cas où j’ai les rustines. Il fait nuit bien sûr et je l’éclaire avec ma frontale pour qu’il répare. Le vent de face est très violent en arrivant près du sommet et il faut s’employer à fond. Ca redescend enfin vers Langdon Beck où on arrive vers 4h30. On décide de dormir un peu ; un " cycle " seulement, soit 1h30 environ ! J’hésite à manger ou dormir d’abord et finalement prends d’abord une douche (on m’offre une serviette pour me sècher) et vais dormir – il est 5h – j’ai demandé un réveil à 6h30 et me glisse avec délice sous la couette; mes " réflexes internes " ou l’excitation m’empêchent de trouver le sommeil plus d’1/4h. Je me lève et vais manger – à 6h30 je vérifie qu’on a réveillé Hubertus qui lui a dormi 1h30. Paul est là aussi et a dormi un peu vers Alston.

Langdon Beck – Barton : étape de " transition "

On repart à nouveau tous les trois ; ça descend , je prends des photos de Paul et Hubertus. On peut admirer cette fois Barnard Castle. Plus de souvenir de ce contrôle … est-ce là que j’ai failli me faire renverser par un camion à la sortie du contrôle, oubliant que le premier danger pouvait venir de la droite … ! Heureusement qu’Hubertus a crié au dernier moment.

Barton – Hovingham : " où il faut jouer du dérailleur ! "

Notre trio rejoint des cyclos qui parfois prennent notre roue – je m’efforce de mouliner souplement et le plus régulièrement possible. Paul arrive à suivre - Pour Hubertus, le rythme est trop lent ! On rejoint aussi 2 tricycles horizontaux qui me stupéfient par leur aisance par vent contraire. Après un court arrêt, on accélère pour les rejoindre et Hubertus et moi poursuivons à un rythme plus élevé. Avant Hovingham c’est un vrai toboggan de côtes très brutales – comment les " pignons fixes " peuvent-ils franchir cela ? On s’emploie à fond jusqu’au contrôle. Paul nous rejoint au contrôle – je suis gêné car je sais qu’on ne va pas l’attendre – a-t-il deviné ma gêne : en tous cas il me dit qu’il a un problème mécanique et qu’il ne faut pas l’attendre. Je profite du sac avec nos effets pour changer de tenue, les piles de la frontale et faire le plein en sachets de boisson mais commets une grave erreur : pensant que les risques de froid sont maintenant écartés, je me débarrasse des vêtements les plus chaud (casquette rouge, sweat polaire) que je transportais depuis le départ !

Hovingham – Thorne : séquence tourisme

Nous restons donc à 2 – côtes dures aussi de ce côté là d’Hovingham et magnifique domaine de Castle Howard – cette fois nous voyons bien les monument et colonne - Hubertus me photographie sous l’une des 2 portes qui délimitent le domaine. On roule bien – il fait beau – seul le vent du sud nous gêne; à Thorne on range bien nos vélos derrière le grillage pour éviter tout risque de vol et on se ravitaille un peu – du liquide maintenant surtout. Je dis au revoir à Bernard et lui promets de revenir dans 4 ans avec si possible d’autres français !

Thorne – Lincoln : chaleur et vent du sud, on a mal aux fesses

On prend la petite route qui longe un canal puis qui va plein sud – le vent devient dur et on se relaie bien – cette fois je fais ma part sur le plat ! la chaleur accentue le mal aux fesses et ça devient notre problème majeur – grand braquet et danseuse de temps en temps pour calmer la douleur ; et éviter pour soi même comme à l’autre les moindres trous et bosses de la route, comme en tandem. On fait un arrêt à mi-étape dans une station service pour prendre une boisson fraîche – le cyclo qu’on avait doublé continue et on le rejoint à nouveau ensuite – on en revoit assez peu et c’est dommage car un peu de discussions nous changerait les idées car la route me paraît un peu longue maintenant. Arrêt assez court à Lincoln et c’est reparti.

Lincoln - Thurlby

A Hough on the Hill on rate la route à gauche et revenons sur notre chemin – mais l’erreur a été vite vue et a très peu d’impact – je dois reconnaître qu’un compteur est très pratique pour vérifier la position et le moment où un changement de direction doit se produire. Je roule " à l’ancienne " et n’ai ni compteur, ni guidon de triathlète, ni camelback comme Hubertus. Tout cela est certes utile mais ce n’est pas mon style, … pour le moment. Après cette petite erreur, on s’arrête pour se couvrir, la fraîcheur est arrivée très brutalement après la chaleur de l’après-midi, à moins que ce ne soit l’effet conjugué de la fatigue et du sommeil. Je passe mes manchettes et met de la crème chauffante sur les jambes – mais peu après je dois à nouveau m’arrêter car la crème n’a pas d’effet et j’ai froid – je passe le collant long (les jambières des 2 premières nuit m’ont abîmé le haut des cuisses), ainsi que mon maillot de club manches longues – ça va mieux – la nuit arrive – je sens que j’ai besoin d’un café et le dit à Hubertus  - morceau de chance ! : on est près de Ropsley où un pub est ouvert : Hubertus reste dehors pendant que je fais une entrée remarquée dans ce lieu de chaleur et d’intimité. J’explique ce qu’on fait, et la discussion se prolonge dans la bonne humeur pendant que j’attends que le café (toujours bouillant !) refroidisse un peu – je fais entrer Hubertus qui devait se demander ce que je faisais – on refuse de me faire payer le café et je les quitte à regret en leur promettant de repasser dans 4 ans ! Un très bon souvenir aussi cet arrêt. La route est maintenant très étroite, sinueuse et nous nous mettons de front pour conjuguer nos éclairages – Hubertus dit que c’est pour faire comme une voiture – je n’arrête pas de régler ma lampe sur mon front pour éclairer à la distance optimale et le bord de la route ; je crois que nous faisons vraiment une bonne équipe – on arrive en bon état à Thurlby et dans le silence de la petite cour nous prenons en toute sérénité à nouveau soupe, pâtes et gateau de riz. Les contrôleurs téléphonent aussitôt entre eux pour signaler notre passage et cela rassure de savoir que l’on veille sur nous … . J’ai vraiment aimé cet endroit à l’aller comme au retour.

Thurlby – Longstowe : la 3ème nuit passe mal

Les contrôleurs nous l’ont assuré, les routes sont maintenant moins étroites –" intermediate " - mais l’étape est longue et à mi-chemin environ le sommeil et le froid m’assaillent. Je zigzague et manque par 2 fois d’aller au fossé : il faut s’arrêter. Près d’une maison, je m’allonge à même le sol sur les graviers - fermer les yeux – profiter au maximum de ce répit – 15 minutes – il ne servirait à rien de rester plus longtemps - il faut repartir – c’est un moment dur – j’arrive tant bien que mal à Kimbolton où on cherche quelque chose d’ouvert, une station service ou autre : hélas rien ; un peu après, à St Neots, je repère un local fermé avec distributeur de billets éclairé, il est ouvert et miracle, il y fait chaud ! je m’allonge aussitôt sur la moquette et y passe une heure – Hubertus me racontera la tête d’une brave dame qui voulant retirer de l’argent a été effrayée par le spectacle – elle aurait bien pu alerter la police … . On repart et juste après une station service est ouverte : pas de café hélas mais j’y achète un paquet de gâteaux secs que j’engloutis en un rien de temps pendant qu’on recherche Church Street. Hubertus mène et je m’accroche. Les poupées-mannequins sont toujours devant les portes. Longstowe enfin ! Il faut faire le point : Hubertus croit qu’il est encore possible d’être sous les 70h, a-t-il vraiment réalisé que 61km en 1h35 était totalement exclu - je lui dis que je suis cuit et que ce qu’on de mieux à faire est de terminer dans de bonnes conditions notre raid – une seconde de silence et : " ok – forget it  (n’en parlons plus)" me dit-il, et je m’assieds pour prendre mon petit déjeuner "à la française ".

Longstowe – Harlow : Hubertus comme derny

Hubertus a pris les commandes et mènera toute l’étape ! derrière je m’accroche pour suivre mais n’aurait pour rien au monde voulu ralentir notre allure. Il fait très beau temps. Le seul problème en approchant d’Harlow est que nous sommes à une heure de trafic intense et les voitures nous frôlent sur ces petites routes accidentées. Je dis à Hubertus de ne pas prendre trop de risque et en effet, l’instant d’après des gravillons nous surprennent dans une descente avec voiture en face. Terrain vallonné après Puckeridge mais l’arrivée est maintenant à moins de 20km, je sais que je tiendrai. Il faut seulement éviter l’accident, toujours bête. A 2km de l’arrivée, un rond-point avec un panneau indiquant Harlow (photo) : Hubertus lève le pouce : c’est gagné ! On double une file de voitures, arrivons au 2ème rond-point – une dernière fois : " Straight On ! (tout droit)  " - School Lane, l’auberge et l’arrivée sans tambours ni trompettes mais avec notre satisfaction … immense.

Après l’arrivée :

Hubertus me félicite et me serre vigoureusement la main. On nous offre l’écusson du LEL – comme il fait bon arriver dans le calme de cette petite salle de l’auberge et discuter avec les contrôleurs. On me propose de manger mais dans un premier temps je ne souhaite rien prendre puis je me remets de cette dernière étape " derrière derny ". Je ne suis pas trop fatigué, ou plutôt je ne le ressens pas encore ! après une douche, je pense dormir un peu mais une musique très forte se met en marche dans le local où nous sommes habité aussi par des permanents et je renonce à changer de chambre – j’entreprends de nettoyer et empaqueter le vélo – mes gestes sont lents, je n’ai pas d’influx et j’ai bien chaud à faire cela. En fin de matinée, je vais vers le supermarché et achète un peu de ravitaillement que je prends dans le parc qui jouxte l’auberge. Dans cette allée en pente douce qui va de l’auberge au supermarché et vers le centre ville et qui traverse le parc, je me sens parfaitement bien avec une sérénité et un accord avec le monde et moi-même, que je ne ressens qu’après avoir fait un grand truc. Ensuite je repars à pied vers Old Harlow avec l’intention d’y trouver quelques cartes postale – je dois très vite marcher très lentement tant je me sens fatigué – pas de commerces à Old Harlow – il faudra aller au centre ville , … demain ! Le tandem de British Columbia, amis d’Hubertus arrive et on discute avec eux pendant leur longue halte avant de remonter vers Thorne – ils pensent dormir cette nuit mais à l’hôtel ; On dîne à l’auberge – on reste aux petits soins pour nous et on en prend l’habitude ! pourtant les contrôleurs d’Harlow aussi sont sûrement fatigués mais leur gentillesse est constante. Rocco m’offre un verre de vin et j’apprècie cette attention. Cette nuit beaucoup de cyclos sont passés et parfois ont du attendre un peu pour trouver un lit pour dormir – je suis honteux d’avoir monopolisé un lit toute la nuit, moi qui suis arrivé et n’ai plus à rouler … . Malgré ces allées et venues très discrètes d’ailleurs, j’ai passé une bonne nuit mais au réveil mes traits sont encore marqués – en sortant dans la cour je vois 3 vélos de " nos " italiens… Je demande à Hubertus s’il les a vus : " Oh yes … ! " me répond-il – il ne faut pas trop parler des italiens à Hubertus. Ils sont là en effet, attablés et accablés, trsè très fatigués ! je les salue et m’informe si ça va : ils ont eu " beaucoup de problèmes, toutes sortes de problèmes … " - " good experience … ! " me dit celui qui nous avait suivi le plus longtemps. Il est clair que l’entente n’a pas du règner toujours … ; Rocco est énervé : il a passé beaucoup de temps avec eux pour leur trouver un hôtel vers lequel ils ne se décidaient finalement pas à aller ! dur d’être organisateur … . Petit déjeuner avec d’autres cyclos – on discute vélo, et de nos expériences respectives – j’apprends que les monts Tatras sont une très belle région pour randonner.

Ce matin, pendant qu’Hubertus emballe son vélo, je vais vers le centre ville  en prenant la même allée qui va vers le supermarché – j’arrive sur un centre commercial moderne (type St Quentin en Yvelines) – je flâne, je fais du shopping, m’alimente un peu au magasin diététique (jus de fruit et tablette de chocolat) – achète un livre d’équitation pour ma fille – téléphone à la famille – à la Poste, je rencontre " l’ancien " des italiens – on se félicite mutuellement – il me donne quelques conseils d’ancien pour continuer à pédaler heureux – j’appècie cet homme et sa philosophie; il a trouvé des cartes postales " touristiques " et m’indique l’endroit.

Je reviens vers l’auberge – bonne nouvelle : les sacs sont revenus d’Hovingham – je prépare mes bagages et n’ai plus qu’à attendre 15h pour aller vers l’aéroport. Je n’aurai même pas à porter les bagages vers la gare car on se propose de me conduire à l’aéroport ! c’est le cyclo (désolé je n’ai pas son nom) qui a lui-même fait 5 PBP qui m’y conduit – il se rend comme Rocco et d’autres à la SF de Crest dans une semaine. Le vol de retour est sans problème – à Roissy, 2 coups de navettes pour rejoindre le Px et à 22h30 je suis à la maison. LEL 2001 est terminé – vivement 2005 !